Tri des gravats

Tri des gravats

Après avoir démonté le plancher, et suite à la déconstruction de la ruine, plusieurs montagnes de gravats en tout genre nous attendaient…

La plupart des gravats sont tous mélangés. Première étape, le tri par type de « déchet ».

Les solives

Les plus ou moins grandes pièces de bois, qui soutenaient auparavant le plancher, sont mises de côté au sec en vue d’être réutilisées. Une bonne moitié est en peuplier, le reste en châtaigner et chêne. Les possibilités sont nombreuses si on n’a pas besoin de pièces bien droites ! Je pense notamment à des cabannes / abris / appentis que nous ferons par la suite…

Antoine le charpentier sélectionnera d’ailleurs certaines d’entre-elles pour en faire des poteaux, et soutenir les poutres des combles.

Autres bois

Les lattes de plancher sont également triées.

Celles qui n’ont pas été trop abîmées sont mises de côté pour servir de bardage ou pour l’enclos des chiens.

Celles qui sont moisies ou trop abîmées sont amenées en déchetterie ou mises dans un coin du jardin pour un long compostage…

Béton

Le béton est un gravat inerte. Etant donné la quantité de gravats inertes que nous avons, nous pensons d’abord faire venir une benne pour les évacuer. Mais étant donné le prix, nous optons pour les mettre dans un coin du jardin (accessible par un camion benne) le temps du tri complet de nos gravats.

Après de longues semaines de réflexion, et avec le tas qui grossi au fur et à mesure, on change d’avis et on se dit qu’on va les laisser là !

Briques creuses

Les briques creuses utilisées pour certaines des cloisons sont également des gravats inertes. Elles n’ont en général pas apprécié les coups de masse ni la chute d’un étage, et sont en grande partie concassées.

Elles rejoignent également le tas de gravats béton dans un coin du jardin.

Terre

Les briques de terre crue (adobes) ont pris la pluie et se sont transformées en boue plus ou moins compacte.

Nous utilisons toute cette terre pour faire une couche entre 20 et 50cm sur le tas de gravats béton dans un coin du jardin.

Et oui, un tas de gravats c’est pas super joli… Alors qu’un tas de terre avec un sol assez pauvre et bien drainé, c’est parfait pour faire un joli massif d’aromatiques méditérannéennes !

Reste plus qu’à planter au printemps ! 🙂

Platiques, polystyrènes, mousse polyuréthane

Tout le reste des déchets, notamment l’isolation présente dans l’ancien plancher et tous les morceaux de plastiques ici et là sont mis dans de grandes poubelles et jetées en déchetterie dès que le coffre était plein.

Conclusion

Activité monotone, longue (4 mois…) et peu gratifiante.

Mais nécessaire, pour dégager l’espace devant la maison et pouvoir poser le drain extérieur !

Si c’était à refaire, je pense que j’aurai tenté de mieux trier les déchets au moment de la démolition, au lieu de devoir trier le tas sous la fenêtre après coup.

Mais nous en sommes arrivés au bout ! Un grand merci à toutes les petites mains qui nous ont aidé !

Poutres & Solivage

Poutres & Solivage

Pour recréer un plancher, nous avons fait appel à un charpentier traditionnel.

Avec son stagiaire Arnaud, il s’est chargé :

  • d’enlever délicatement les anciennes poutres
  • de poser les nouvelles poutres (en douglas), bien de niveau contrairement aux anciennes
  • de créer un joli assemblage entre 2 poutres, soutenu par un poteau et ses liens (cela a permis de diminuer la section des poutres et d’économiser un transporteur pour une poutre de 8m…)
  • d’ajouter une lisse sur le haut d’un mur de refend (pour soutenir une poutre)
  • de poser le solivage
  • de remaçonner à la chaux (emprise des poutres et support mural des solives)

Ce chantier a duré deux petites semaines, et ils logeaient sous tente dans le jardin. Antoine le charpentier en a profité pour nous donner quelques bases de sculpture sur bois… Emilie s’est empressée d’essayer

Une fois le charpentier parti, nous avons rapidement installé un platelage recouvrant partiellement le plancher, histoire de pouvoir marcher un peu plus sereinement et accéder à toutes les fenêtres.

Antoine le charpentier était tellement sympa que l’on va se débrouiller pour le faire revenir plusieurs fois et le séquestrer…

  • Une fois courant Octobre, pour placer 5 poteaux, afin de soutenir les poutres des combles qui ont tendance à beaucoup ployer (et le poids de l’isolant n’arrangera rien). Les poteaux seront fabriqués à partir de solives en chêne, récupérées sur ce même plancher.
  • Certainement au printemps 2023, pour refaire poutres et solivage de notre actuel salon, ainsi que la pose d’un nouvel escalier !
Démontage du plancher

Démontage du plancher

Les combles

Les poutres des combles sont soutenues par des poteaux, qui reposent sur le plancher que l’on souhaite démonter. La première étape consistait donc à vider totalement les combles, afin d’alléger les poutres pour qu’elles ne ploient pas trop.

Je n’ai malheureusement pas pris de photos du « avant », mais on pouvait compter : 3 ou 4 lits en bois massif (les têtes de lit pèsent un âne mort), quelques couches de laine de verre, n’ayant plus aucun volume mais toujours autant irritant, mélangé à quelques décennies de déjections de nos chouettes effraies, pas mal de cartons applatis pour l’isolation, ou rempli pour le stockage (vaisselle, etc). Un beau bazard… Et après 2 jours de vidage / nettoyage, on se rend compte que les lames de parquet ne sont plus trop en état !

Les cloisons

Pour pouvoir démonter le plancher, il faut d’abord démonter les cloisons ! La plupart en adobe de terre crue, posées sur champs, et enduites de plâtre, les autres en briques creuses.

Le démontage s’effectue brique par brique (ou pas loin), pour éviter que le mur ne tombe d’un bloc sur le plancher, étant donné le maintient douteux de certaines poutres…

Sur conseil du charpentier, on laisse également les montants qui permettent de soutenir les poutres des combles, histoire qu’elles ne bougent pas jusqu’à son arrivée.

Et on en profite pour décrotter les poutres (ie on enlève le coffrage de plâtre autour), histoire de voir dans quel état elles sont réellement…

Tant qu’à avoir des gravats, et histoire de ne pas abîmer le futur parquet, nous décidons d’enlever les enduits sur les murs : du plâtre facile à enlever sur les pièces inhabitées, du ciment avec du grillage à poule pour le reste. Au burin, ça prend un peu de temps, mais ça mets à nu nos murs, que l’on pourra ensuite enduire à la terre…

Et enfin, une journée complète pour débarrasser les gravats…

Vidage du Rez-de-Chaussée

Afin de casser le plancher sereinement, et pouvoir laisser échapper des gravats d’un étage, on vide le bazard du RDC ! Tout est stocké dans le hangar 100m plus loin, sous la garde de nos molosses, avec un enclos redimensionné pour l’occasion…

Démontage du plancher

A l’étage, on s’amuse bien… On casse à la masse une dalle en béton armée de 15cm d’épaisseur, laissant apparaître en dessous l’ancien parquet.

Les gravats sont évacués au fur et à mesure par la fenêtre, pour éviter d’avoir à les ressortir s’ils tombaient au RDC.

Quand le parquet de tout l’étage est dégagé, on l’enlève (si possible délicatement) au pieds-de-biche. Les lames en état serviront pour parfaire la cabanne des enfants !

Dès que les solives sont dégagées (au fur et à mesure), on les enlève également, pour les stocker dans un coin. Le but est de réutiliser celles en bon état (notamment pour refaire le plancher de l’actuel salon).

A la fin, il ne reste que les poutres, et les étais qui soutiennent les poutres des combles.

Encore 1,5 jours à trier et évacuer les gravats, et le bâti est prêt à accueillir le charpentier !

Gravats

Dehors, les gravats se sont accumulés. Nous hésitons encore entre passer des semaines à tout évacuer en déchetterie, ou passer temps et argent à faire venir des bennes…

Vu les tonnes de déchets qu’on a sorti, on se rend compte que même pourries, les poutres tenaient encore bien ! ^^

Création / Modification des ouvertures

Création / Modification des ouvertures

Afin d’amener un peu de luminosité dans les zones (très) sombres, et pour éviter de s’ouvrir le crâne à chaque fois qu’on passe les portes sans se baisser, nous avons fait appel à un maçon pour la création de nouvelles ouvertures et le réhaussage de certains linteaux.

Le maçon

Le maçon sélectionné n’a vraiment pas besoin de publicité vu la quantité de travail qu’il peut avoir. Néanmoins, juste pour faire exploser son site par les demandes reçues, je vais lui faire de la publicité : https://terre-crue-pierre.com

Un maçon qui respecte le bâti ancien en restaurant à l’ancienne (des linteaux bois, pas de ciment !), très pédagogue et entouré de pleins de stagiaires pour faire les basses besognes à moindre coût 😀

Bref, nous avons beaucoup apprécié Christian, son fidèle employé Karim, tous les stagiaires qui se sont succédés au cours de leur 6 semaines de présence, nos longs apéros quotidiens et toutes les discussions et apprentissages qui ont pu en ressortir.

La création d’ouverture

Pour créer de nouvelles ouvertures ou placer un linteau un peu plus haut sur une ouverture existante, les maçons procédaient par demi-mur.

  • Creuser à l’emplacement du futur linteau sur la moitié de l’épaisseur du mur
  • Placer le linteau
  • Sceller avec du mortier de terre
  • Le lendemain, quand le mortier a pris, procéder de la même manière, mais de l’autre côté du mur.
  • Quand le mortier du second linteau a correctement pris, on peut démonter le mur en-dessous (en laissant 25cm de chaque côté du linteau pour la descente de charge)
  • Descendre jusqu’au futur niveau du sol, un petit coup de meuleuse sur les jambages pour faire de la poussière
  • Enfin, de potentiels jambages en bois (avec les solives récupérées de la ruine déconstruire) et un corps d’enduits sur la profondeur du mur pour égaliser tout ça.

De cette manière, nous avons eu 4 créations d’ouvertures (2 intérieures, 2 extérieures) et 3 modifications (réhaussage du linteau et élargissement)

Les surprises rencontrées

Reconstruction de parties de murs

L’état du mur et ses fissures ne permettaient pas de créer des ouvertures à ces emplacements. On pouvait même se questionner sur sa durée de vie si aucune action n’était prise.

Le maçon avait déjà prévu des tirants et agraffes pour bien maintenir les murs, mais cela n’était pas suffisant pour garantir l’intégrité de ce mur.

De grosses parties de murs ont ainsi été rebâties, notamment pour soutenir le poids des poutres mais aussi les descentes de charges des ouvertures.

Tous ces travaux nous ont permis de constater que cette partie de maison n’était qu’une extension en terre crue d’une maison en pierre, bien plus ancienne. La partie en terre crue était déjà présente sur la cadastre napoléonien. Une bière offerte à celle ou celui qui trouve l’année de construction initiale !

Contreforts

La partie la plus ancienne, en pierre, est dangeureusement bombée. Et tout le poids qui est présent au-dessus n’arrange rien.

Le maçon a donc opté pour la création d’un contrefort, afin que ce mur puisse s’appuyer dessus. Cela a également été l’occasion de voir sur une petite surface comment faire une couche d’accroche, un corps d’enduits, l’enduit de finition et la création de solin !

Bas de murs

Des enduits ciments, posés à l’intérieur et à l’extérieur de murs, ne permettent pas aux remontées capillaires de s’évacuer.

Les murs en terre deviennent donc meubles, et ne permettent plus de soutenir le poids du mur. Cela provoque un affaissement du mur, des fissures, etc.

Nos bas de murs étaient dans un tel état qu’il a été nécessaire de les refaire. De quelle manière ?

  • Enlever toute la partie meuble, sur des portions de 80cm de large
  • Descendre jusqu’à retomber sur du dur (le soubassement en pierre et chaux par exemple)
  • Couler du béton de chaux jusqu’à une hauteur où les remontées humides n’arrivent plus
  • Rebâtir le restant de mur avec des adobes ou des foraines

En image, ça donne ça :

Démontage de la ruine : les murs

Démontage de la ruine : les murs

Mur Est

Pour le mur qui penche déjà dangereusement, le plus simple était de l’aider à tomber. Pour cela, l’aide d’un tire-fort a été très utile !

  • nous avons passé une longue corde (plusieurs aller/retour) entre un point de tirage – une souche – et l’unique ouverture de ce mur. De l’autre côté du mur, un chevron permettait d’exercer la force de traction sur une bonne largeur
  • puis nous avons tronçonné l’unique panne qui tenait encore au mur (déjà étayée), non sans précaution, de peur que cela provoque l’effondrement du mur ou la chute de la poutre au travers du plancher – mais tout s’est bien passé
  • et enfin, il clic – clic – clic — craaac !

Murs Nord et Sud

Pour les autres murs, la procédure est simple et plutôt rapide : un coup de pied de biche sur la jointure du dernier rang, et on décolle l’adobe. Puis on la fait tomber au pied de l’échafaudage, et on recommence pour chaque adobe de la rangée, rangées après rangées.

Descente progressive

Il suffit alors de reproduire, étage par étage, le décollement des adobes des murs Nord et Sud, démonter au fur et à mesure l’échafaudage, et tirer le mur Est.

Evacuation des gravats

Et régulièrement, une petite chaîne pour empiler les adobes un peu plus loin.

Nous conservons toutes ces briques car cela va être recyclé ! En enduits de façades, en enduits intérieurs, en mortier pour les fissures, peut-être en four à pain ou four à pizzas, etc…

Démontage de la ruine : le toit

Démontage de la ruine : le toit

Echafaudage

Après l’achat d’occasion d’un échafaudage de maçon, nous avions assez d’éléments pour couvrir les murs Nord et Sud simultanément.

Il aura tout de même été nécessaire de déplacer les premières rangées de tuiles, et de retirer le débord de toit de chaque côté, afin que l’échafaudage puisse monter proche du mur.

Descente des tuiles

Pas mal de tuiles sont fêlées ou abîmées sur les toits de notre habitation. Hors, pas mal de tuiles de la ruine à démonter sont encore bonnes, voire quasiment neuves ! On a décidé de récupérer toutes les tuiles afin de pouvoir faire le tri entre les poreuses, les cassées, et celles en bon état.

Mais comment descendre les centaines de tuiles sans trop de perte ni s’épuiser à monter/descendre ? En compilant quelques conseils de pro, on parvient à cette solution :

Une poubelle remplie de sable, un truc long pour faire toboggan, et des opérateurs très attentionnés !

Pour la mise-en-pratique :

  • 1 personne au sommet de l’échafaudage qui récupère les tuiles, à l’aide d’un long crochet fait-maison pour faire glisser les tuiles les plus lointaines jusqu’à portée de main (étant donné l’état de la charpente et sans avoir de visibilité, hors de question de poser le pied dessus !)
  • 1 autre personne chargée d’envoyer les tuiles sur le toboggan
  • un toboggan constitué dans notre cas d’une longue tôle (5m), fixée sur une grande échelle pour la rigidité ; la tôle a été légèrement repliée à l’aide de fils de fer, afin que les tuiles restent dans la concavité
  • la tôle n’était pas assez longue, nous avons surélevé la poubelle de sable en la plaçant sur une brouette
  • 2 personnes au sol, pour récupérer les tuiles tombées et les empiler proprement. Casque obligatoire, et distance de sécurité à respecter avec la poubelle lors des lancés ! (pour les tuiles qui ne restent pas sur le toboggan, et pour s’assurer qu’aucune main dans la poubelle lorsque la tuile arrive)

Et ça donne ça :

Par contre, dès le premier lancer, bel échec de la poubelle en plastique…

Démontage du voligeage

Après les tuiles, on passe aux voliges (les fines planches sur lesquelles sont posées les tuiles).

Un kit toiture (harnais, mousquetons, longe, …) relié à l’échafaudage, un pied de biche, une bonne pluie, et c’est parti !

Et quand les voliges sont sorties, on enlève les chevrons au fur et à mesure, en marchant sur des planches pour éviter de passer au travers des combles…

Et à la fin, il ne reste que les pannes !

Et une petite surprise nous attend, coincé contre la panne faîtière…

La clef de la Toulousaine, bien planquée !

Et sur le sol des combles, trempés par la pluie et ayant affronté des générations de rongeurs, des douzaines de journaux « La Dépêche », dont les dates varient entre 1906 et 1936…

Derniers souvenirs de la ruine

Derniers souvenirs de la ruine

Notre projet nous amène à supprimer 1/3 du corps de ferme, particulièrement en mauvais état :

  • Importantes infiltrations un peu partout en toiture
  • « Gouttières » ayant provoqué une érosion importante à certains endroits du mur en terre crue
  • Pannes en mauvais état, particulièrement la faîtière en plusieurs morceaux mais qui tient encore grâce à des étais et surtout aux chevrons
  • Planchers en très mauvais état à cause des infiltrations, escalier en morceau
  • Le mur côté Est dangereusement incliné

Cela nous attriste car le linteau indique un joli « 1886 », mais plusieurs arguments ont pris le dessus :

  • Dangerosité : quand le mur va-t-il tomber ? et le toit ? est-ce que ça emporter le mur mitoyen de notre chambre ?
  • Coût de réhabilitation : les travaux sont faisables mais sont allègrement hors bugdet
  • Surface perdue : cela nous enlève 91m² de bâti, mais il nous en reste quasiment 300 ! Bien assez pour ne pas s’ennuyer en ménage…
  • Cela rend possible la création de fenêtre sur le mur mitoyen, afin d’amener un peu de luminosité dans le bâtiment restant debout (et ce n’est pas du luxe !)

Quelques photos souvenirs, pour que l’on puisse s’en rappeler !